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Election présidentielle américaine 2024 : l’espoir a changé de camp

Les conventions que tiennent les deux principaux partis américains tous les quatre ans, avant chaque élection présidentielle, sont une grande tradition de la vie politique outre-Atlantique, sorte de rodéo oratoire, mélange de folklore, d’émotion et, les années fastes, de révélations. La convention du Parti démocrate qui s’ouvre lundi 19 août à Chicago s’annonce comme à nulle autre pareille : elle sera le théâtre du sacre d’une candidate imprévue, la vice-présidente Kamala Harris, qui, en trois semaines, a électrisé la campagne, renvoyé Donald Trump dans ses cordes de boxeur fatigué et rendu le goût de la victoire aux démocrates.
Depuis le 21 juillet, en effet, l’espoir a changé de camp. La décision du président Joe Biden, 81 ans, de se retirer de la course au profit de sa vice-présidente, cédant à la pression des dirigeants démocrates inquiets de l’effet de son âge, a complètement inversé la dynamique. Le moment choisi pour cette annonce a coupé net la dramatisation de l’attentat commis contre le candidat républicain, Donald Trump, blessé à l’oreille une semaine plus tôt par une balle tirée en plein meeting électoral, et effacé le bénéfice médiatique de la convention de son parti, organisée les jours suivants à Milwaukee.
L’ex-procureure californienne Kamala Harris, 59 ans, qui fut une vice-présidente plutôt terne, tenant sa place dans l’ombre du président, s’est métamorphosée en une candidate bourrée d’énergie, à l’enthousiasme communicatif. Passant à l’offensive, elle a fait jusqu’ici un sans-faute, confirmé par une rapide progression dans les sondages, notamment au sein de l’électorat noir et hispanique qui s’éloignait de Joe Biden.
La taille des foules qu’elle draine dans ses meetings a déstabilisé son adversaire Donald Trump, si sûr de son unique pouvoir d’attraction qu’il l’a accusée, contre l’évidence, de recourir à l’intelligence artificielle pour gonfler les images de tribunes remplies. Le choix d’un homme du Midwest comme coéquipier, le gouverneur du Minnesota Tim Walz, a été très bien accueilli par les militants. L’image est ainsi offerte d’un « ticket » optimiste et confiant qui contraste avec celle, plus dure et vindicative, du duo que forme Donald Trump avec J. D. Vance, le jeune sénateur républicain de l’Ohio. Enfin, Kamala Harris a commencé à exposer sa vision pour le mandat présidentiel qu’elle sollicite en révélant, vendredi 16 août, les grandes lignes d’un programme économique axé sur l’amélioration du pouvoir d’achat des classes moyennes et le rôle de l’Etat fédéral dans cet effort.
Si spectaculaire que soit ce nouveau départ démocrate, il reste à Kamala Harris à accomplir l’essentiel. Les sondages permettent au ticket Harris-Walz d’espérer évincer le duo Trump-Vance des Etats-clés du Michigan, de Pennsylvanie et du Wisconsin, voire de progresser dans ceux de Géorgie et d’Arizona. Mais le Parti républicain, qui garde l’avantage dans le système du collège électoral, est loin d’être battu. Donald Trump a de multiples possibilités de rebondir d’ici au 5 novembre, y compris lors du débat télévisé qui l’opposera à la candidate démocrate le 10 septembre.
En attendant, Kamala Harris et son parti ont déjà un succès à leur actif, que la convention devra confirmer : celui d’avoir remis espoir, dynamique et rationalité au centre du jeu démocratique aux Etats-Unis et offert en un temps record une alternative solide à la désastreuse perspective d’un second mandat Trump.
Le Monde

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